Vous rêvez de réaliser le Blättele de l'ASMA ? Cet appel est pour vous !

Vous êtes adhérent à l’ASMA ? Vous souhaitez vous investir bénévolement dans l’association et vous disposez d’un peu de temps et de compétences en bureautique ? Nous recherchons quelqu’un pour s’occuper du Blättele à partir de janvier 2024. Plus d’informations sur ce lien.

Prochain Stammtisch haut-rhinois : à Grussenheim, le 7 octobre

Le prochain Stammtisch haut-rhinois aura lieu le samedi 7 octobre 2023, à 14h. Il se déroulera à Grussenheim, au foyer communal, rue de la Paix, sur l’invitation de la société d’histoire locale « Les amis d’Annette de Ratsamhausen ». 

Les Stammtisch permettent à toute personne, qu’elle soit membre ou non de l’ASMA, de rencontrer des spécialistes du bâti ancien. Afin de conseiller au mieux les participants, nous recommandons d’apporter des photos sur clé USB.

Stage « Badigeons et peintures naturelles » le 28 octobre 2023, de 9h à 17h, à l'Usine à Chaux Boehm à Dahlenheim

L’ASMA propose un stage théorique et pratique sur les badigeons et peintures naturelles le samedi 28 octobre 2023, de 9h à 17h, à l’Usine à Chaux Boehm à Dahlenheim. La formation sera assurée par le spécialiste Philippe Tourtebatte.

Stage réservé aux adhérents de l’ASMA.

Inscription et détails sur HelloAsso.

Repas tiré du sac.

Rapport d’information au Sénat sur le patrimoine et la transition écologique : Sabine Drexler alerte sur l'urgence à agir en faveur du patrimoine bâti

Sabine Drexler, conseillère d’Alsace, mais aussi sénatrice du Haut-Rhin, nous avait reçus le 11 juin dernier pour l’assemblée générale 2023 de l’ASMA, chez elle à Durmenach, où elle est également conseillère municipale.

Depuis que la CeA a adhéré à l’ASMA en 2021, Sabine est notre correspondante et notre lien auprès du président Frédéric Bierry. 

Mais au Sénat, Sabine Drexler exerce une mission précieuse : elle est le rapporteur pour la protection du patrimoine bâti et la transition écologique en France.

Depuis le début de l’année, elle a, dans ce cadre, organisé plusieurs tables rondes qui ont rassemblé les responsables de tous les services de l’État en charge du Patrimoine et de la Culture, ainsi que de nombreuses associations, dont nos amis de Maisons paysannes de France (MPF).

Le résultat de ces travaux a été synthétisé dans un « Rapport d’information sur le patrimoine et la transition écologique », enregistré le 28 juin au Sénat ; il a été présenté en conférence de presse le 11 juillet dernier.

Sa conclusion est totalement en phase avec le combat que nous menons à l’ASMA depuis plus de 50 ans : « Le petit patrimoine, celui qui fait le charme et l’attractivité de nos régions, est plus que jamais en péril ; sans notre vigilance conjointe, nous allons tout droit vers un désastre patrimonial ».

Ci-dessous, courrier de Sabine Drexler à l’ASMA, en date du 11 juillet, concernant la présentation des conclusions de son rapport au Sénat, et des propositions qui en découlent.

Courrier de Sabine Drexler à l'ASMA - 11 juillet 2023
Courrier de Sabine Drexler à l'ASMA - 11 juillet 2023
Courrier de Sabine Drexler à l'ASMA - 11 juillet 2023
Construire et habiter une maison traditionnelle en Alsace d’hier et d’aujourd’hui

Tel était le thème de la journée d’études qu’organisait le Comité d’Histoire Régionale en partenariat avec le Parc de la Maison Alsacienne à Reichstett, le samedi 1er juillet 2023, dans la salle du foyer St-Michel à Reichstett.

Les interventions furent nombreuses et les échanges très fournis devant un auditoire attentif et intéressé.

Journée d’études du Comité d’histoire Régionale en partenariat avec le Parc de la maison alsacienne à Reichstett, le samedi 1er juillet 2023

Intervention de Monsieur Raimbault. © JMB

Jean-Christophe Brua, architecte du patrimoine et membre du Comité de l’ASMA, a démarré la journée d’échanges sur le patrimoine ancien par une intervention sur « La restauration du patrimoine bâti au cœur des enjeux du renouvellement urbain et de la transition écologique ».

Après avoir souligné les profondes mutations que connait le patrimoine bâti ancien de notre région, il a évoqué les nombreux enjeux auxquels celui-ci se trouve confronté. Les effets de la nouvelle loi « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN) vont avoir des retombées indéniables sur le bâti ancien, du fait que la consommation d’espaces naturels doit cesser au profit du renouvellement urbain. Or, les communes ne sont pas prêtes à répondre à ces problématiques et se retrouvent souvent démunies face aux promoteurs peu scrupuleux qui vont se rabattre sur les parcelles sur bâties en cœur de village qu’ils considèreront comme de la réserve foncière. Au mieux, la maison d’habitation traditionnelle sera préservée, au pire ses annexes seront démolies pour voir la construction de nouveaux logements collectifs avec ses places de parking sans commune mesure avec les caractéristiques typologiques existantes du tissu ancien. 

Pour préserver le bâti ancien traditionnel, les élus locaux peuvent toutefois s’appuyer sur les documents d’urbanisme comme les PLUi patrimoniaux ou les anciennes AVAP (Aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine), aujourd’hui « Cité historique », degré haut de la préservation, malheureusement encore trop peu développés en Alsace.

À cet enjeu urbanistique, le bâti ancien fait face également à un enjeu technique avec la rénovation thermique. Celle-ci, menée dans l’esprit d’une transition écologique raisonnée, ne devrait recourir qu’à l’utilisation de techniques low-tech et des matériaux biosourcés adaptés à notre architecture vernaculaire. Malheureusement, le risque que des rénovations inadaptées, avec l’utilisation de produits d’isolation extérieure – ou intérieure – issus de la pétrochimie industrielle, fassent définitivement disparaître notre patrimoine bâti, demeure très fort, ce que de trop nombreuses interventions que Jean-Christophe Brua a identifiées dernièrement, viendront corroborer par l’image. Restent cependant les projets vertueux portés par des architectes soucieux du patrimoine ancien alsacien, qui militent pour une sensibilisation, et de nos élus locaux et des maîtres d’ouvrage privés.

Aurélie Wisser, chargée de mission patrimoine bâti au Parc Naturel Régional des Vosges du Nord (PNRVN), après avoir rappelé les missions des PNR et évoqué la charte spécifique de la politique d’accompagnement de la valorisation du bâti ancien, a abordé la question de « Comment se lancer dans un projet d’éco-rénovation ? Du potentiel d’aménagement intérieur à l’amélioration thermique du bâti ancien d’avant 1948 ».

Pour elle, on ne saurait intervenir pertinemment sur de l’ancien qu’en le connaissant bien, d’où les 3 étapes essentielles d’un projet d’éco-rénovation :

– le diagnostic ;

– le développement du projet tenant compte du potentiel du bâti ;

– l’organisation du chantier.

C’est en effet à travers une démarche complète d’éco-rénovation que l’on va construire le projet en prenant en compte la connaissance du bâti ancien, les matériaux de construction, les principes de rénovation et les principes d’aménagement.

Le diagnostic doit permettre d’identifier les pathologies et les problèmes techniques, que ce soit sur pan de bois ou maçonnerie. Un mur ancien régule le trop plein d’humidité. Les techniques d’isolation par l’intérieur ou par l’extérieur ont fait l’objet d’études et de recherches spécifiques avec nos voisins allemands en prise à ces mêmes questions sur l’ancien, avec un regard particulier sur le traitement de pieds de façade.

Parmi les nombreux exemples illustrés de projets d’éco-rénovation aboutis dans le PNRVN, celui de Hunspach, combinant programme de logements locatifs et privatifs, a tout particulièrement retenu l’attention du public. Tous les projets exemplaires présentés de propriétaires passionnés qui sont passés à l’acte, peuvent se retrouver dans la brochure « Pratiquer l’éco-rénovation », téléchargeable sur le site du PNRVN.

L’intervention de Laura Suss, jeune doctorante à l’Université de Paris-Sorbonne, a porté sur la problématique de la transformation d’un ensemble bâti ancien et de la restitution des typologies successives en abordant le cas spécifique de l’ancien musée Westercamp à Wissembourg : histoire et évolution d’un bâtiment en pan de bois entre le 15e et le 21e siècle.

Le musée Westercamp, aujourd’hui désaffecté, correspond en effet à un groupe de bâtiments implanté tout au nord de la ville médiévale de Wissembourg. Leur enchevêtrement et leur forme résultent de plusieurs périodes de construction ou de transformation-adaptation qui ont affecté la parcelle et ses bâtiments, et que seule une étude archéologique poussée permet d’en rendre compte. 

Le corps de bâtiment originel, du début du 15e siècle, a pu être déterminé grâce à une analyse dendrochronologique de la charpente qui le date de 1417 précisément. À cette première phase, s’ajouteront quatre autres qui aboutiront, au 20e siècle, à l’aménagement des bâtiments en musée. Les prochaines modifications devant intervenir dans les années à venir, suite au changement de fonction du lieu, ne sont toujours pas arrêtées.

Pour finir, cette étude très pointue a pu démontrer que les bâtiments de l’ancien musée Westercamp illustrent bien l’évolution que peut connaitre une parcelle bâtie sur le long terme et les changements qui peuvent affecter des bâtiments tout au long de leur vie. L’adaptation des volumes a permis, dans ce cas, de passer de structures à vocation communautaire à des espaces adaptés à de l’habitation. Le tout répondant toujours à la même problématique : pérenniser l’existant en l’adaptant à des nouveaux usages.

Intervention de Monsieur Marc Grodwohl

Intervention de Monsieur Marc Grodwohl. © SdB

Marc Grodwohl, le fondateur de l’écomusée d’Ungersheim que l’on ne présente plus, a eu la lourde tâche de terminer la matinée studieuse avant le déjeuner pris en commun.

Son thème « Du cas particulier à une compréhension générale de l’architecture rurale : l’exemple de la déconstruction d’une maison de 1554 » indique bien le parti pris de son propos. Cette toute dernière, une étude typologique de la maison de Buschwiller qui fut déconstruite dans l’urgence il y a peu (cf. ‘s Blättele de décembre 2022-janvier 2023) pour être reconstruite sur le site du Parc de la Maison Alsacienne à Reichstett, tout à côté du foyer où se déroulait la journée, est venue renforcer un corpus de maisons alsaciennes de plus de 71 objets datés précisément par dendrochronologie. Mais notre orateur passionné précisera d’emblée que la typologie architecturale telle qu’on peut la pratiquer ne l’intéresse pas en soi. 

Ce qu’il privilégie est de comprendre la commande initiale de la maison, son inscription dans son contexte et sa singularité. Cette approche a toujours orienté son analyse des typologies de maison recensées du corpus, et lui permet aujourd’hui de revenir sur quelques idées fausses qui collent à la peau de la maison vernaculaire alsacienne. Par exemple, le symbolisme des formes du colombage dont il démontrera, preuve à l’appui, qu’il est grandement redevable de la propagande nazie avec notamment le livre sur « La paysannerie allemande en Alsace : héritage et obligation » de Herman Kolesch (paru en 1941) qui (ré) interpréta le symbolisme des éléments du colombage à partir de correspondances avec les caractères runiques de l’alphabet des peuples allemands, comme pour mieux ancrer l’architecture vernaculaire alsacienne dans la mouvance germanique. 

Autre idée fausse que son analyse du corpus typologique, constitué tout au long de son parcours d’archéologue de la maison vernaculaire du sud Alsace, lui permet de confondre, celle d’une rupture technologique marquée, entre utilisation des bois longs jusqu’au tournant du 15e et utilisation des bois courts à partir du 16e. Il affirme, au contraire, que les deux techniques cohabitaient sur la même période, ce qui pour lui traduirait bien un discours symbolique et une volonté programmatique du commanditaire dans le choix technique qui lui était laissé. 

Il terminera son propos sur l’importance du tracé régulateur qui se retrouve autant dans l’édification des cathédrales que dans l’architecture domestique rurale.

Les interventions de l’après-midi poursuivent ces analyses typologiques en resserrant le propos sur une entité territoriale donnée ou sur un objet ou thème particuliers. Ainsi Jérôme Raimbault, chercheur au Service Régional de l’Inventaire Grand Est, a étudié comment « Construire et habiter la ferme des Vosges alsaciennes, entre Bruche et Doller » majoritairement aux 18e et 19e siècles. 

Pour lui, sa construction met principalement en œuvre la pierre brute ou taillée (granit, grès, schiste) pour les murs et les encadrements des baies, le bois étant réservé à la charpente, aux bardages des pignons et des façades exposées et aux aménagements intérieurs. La tuile en terre cuite, plus rarement l’ardoise, a remplacé le chaume de seigle. 

La morphologie-type qui semble la plus récurrente dans le massif vosgien est celle de la ferme dite « monobloc » ou « ferme-bloc », qui rassemble, sous les versants d’un même toit, les travées dévolues à l’homme, aux bêtes et au rangement des machines et des outils. Deux autres types sont néanmoins mis en œuvre dans l’espace montagnard : la ferme à logis et dépendance en bande, la ferme à logis et dépendances, distribués autour d’une cour. Si elle apparaît d’une grande uniformité vue depuis l’extérieur, quoique d’une volumétrie variable, la ferme-bloc voit sa travée d’habitation intérieure organisée selon différents plans pouvant être la transcription des influences reçues de part et d’autre de la crête.

Son collègue Florent Fritsch, du même service, retracera l’historique de la « Maison-École du pasteur Jean-Frédéric Oberlin à Waldersbach (1769-1771) » et cherchera à établir en quoi cette maison aujourd’hui occupée par un privé et apparentée à une ferme vosgienne, de type maison-bloc telle que présentée dans l’intervention précédente, va instaurer à son époque une rupture programmatique et typologique importante avec la transformation d’une maison d’habitation, avec ses dépendances agricoles sous le même toit, en une école publique pour accueillir les enfants des alentours, le pasteur Oberlin, fraichement nommé, étant attaché à éduquer les enfants de sa paroisse. 

Les recherches de Florent Fritsch ne pouvant s’effectuer sur plans d’archives car ils font défaut, et la volumétrie d’origine n’ayant pas changé, il a pu s’appuyer sur une analyse des transformations du cloisonnement intérieur et sur les traces de nombreux éléments caractéristiques de son passé d’équipement scolaire pour rétablir la typologie d’origine d’un bâtiment qui va servir en quelque sorte de modèle aux établissement scolaires futurs. Cette maison-école et les travaux pédagogiques de Jean-Françoois Oberlin vont en effet engendrer une forme de tourisme à l’échelle européenne avec la visite du pasteur à Waldersbach par de nombreuses personnalités politiques et intellectuelles de l’époque. Celles-ci ont, pour partie semble-t-il, été hébergées dans la maison-école, pour preuve le livre « Buchner » dans lequel le poète Lentz décrit l’occupation de la maison. Mais cela ouvre aussi à des investigations à venir.

C’est notre hôte, Jean-Claude Kuhn, qui terminera les interventions de la journée en évoquant « Le chauffage d’une maison alsacienne aux environs de Strasbourg (12e-19e siècle) ». Il nous transmettra sa passion pour le poêle qui, selon lui, est un élément essentiel pour le chauffage des châteaux et des habitations. On peut en trouver par fouilles et chantiers archéologiques pour les plus anciens, ou encore conservés dans les maisons pour les plus récents. Les premiers poêles à poteries (rondes) datent de la première moitié du 12e siècle. Puis apparaîtront les poêles à ouverture carrée à partir de la seconde moitié du 14e siècle jusqu’aux années 1620. Les poêles à carreaux en terre cuite existaient chez le paysan dès le milieu du 15e siècle et perdureront jusqu’au début du 19e siècle, subissant toujours plus la rude concurrence du poêle en fonte qui se développe à partir du 16e siècle. Les poêles en faïence seront installés dès les années 50 du 19e siècle.

Journée d'études du Comité d’histoire Régionale en partenariat avec le Parc de la Maison alsacienne à Reichstett, le samedi 1er juillet 2023

© SD

La journée ne s’achèvera pas avec ces interventions. Elle connaîtra une tournure plus officielle avec la signature de la convention de cession des bois de la maison de Buschwiller à l’Association du Parc de la Maison Alsacienne de Reichstett, dont les autres signataires sont : le groupe ad hoc « Buschwiller 1554 », formé de Hugo Digiano, Jérémie Viron, Christian Fuchs, Denis Elbel et Marc Grodwohl, et le Cercle d’histoire Buchholz de Buschwiller.

Journée d’études du Comité d’histoire Régionale en partenariat avec le Parc de la Maison alsacienne à Reichstett, le samedi 1er juillet 2023

© SD

Une visite du Parc de la Maison alsacienne, sous la conduite de Jean-Claude Kuhn est venue clore cette journée. 

« On a la fibre cet été à la Maison Rurale de l’Outre-Forêt de Kutzenhausen »

Dans le cadre de cette exposition, l’ASMA a participé à la journée d’animation du dimanche 3 septembre, et Bernard Zipper, président de l’AMROF (Association des Amis de la Maison Rurale de l’Outre-Forêt), s’est félicité de faire salle comble.  

Journée d'animation à la Maison Rurale de l’Outre -Forêt

© SdB

C’est Claude Eichwald, maître d’œuvre depuis 35 ans et utilisateur du béton de chanvre depuis 25 ans, qui a pris la parole au nom de l’ASMA. Avant de présenter son exposé consacré à la filière chanvre, Claude Eichwald a insisté sur le lien étroit existant entre cette filière et l’action de l’ASMA, qui, comme chacune sait, propose Stammtisch, stages ainsi que les adresses des artisans utilisant ce matériau et ce savoir-faire. 

Journée d'animation à la Maison Rurale de l’Outre-Forêt

Claude Eichwald, Denis Elbel et Vincent Couvreur, responsable de l’entreprise Ecosphère Habitat (de dos), renseignent un jeune amateur de construction « chanvre ».  © SdB

« Une filière pour la construction durable, une filière durable pour la construction » 

Tels sont les atouts du chanvre industriel « cannabis sativa », à ne pas confondre avec le psychotrope du même nom « cannabis indica ». Plante annuelle, rustique, cultivée sans intrants et améliorante de surcroît, elle présente l’avantage de pomper les nitrates contenus dans l’eau et de résister à l’eau (fabrication de cordes et de voiles). Autrefois, la principale difficulté était celle du rouissage. En effet, pour dégager la fibre, il fallait tremper les tiges dans l’eau, qui relâchaient à cette occasion le THC polluant et des odeurs pestilentielles. Aujourd’hui, la plante est récoltée mécaniquement et le rouissage se fait sur le champ. On en tire la chènevotte (44%), la fibre (24%), de la poussière (21%) transformée en briquettes, et les graines de chènevis pour le reste.

Journée d'animation à la Maison Rurale de l’Outre-Forêt

Bernard Zipper, président de l’AMROF, et Claude Eichwald, conférencier pour l’ASMA. © SdB

Culture combattue pour les mêmes raisons que l’alcool, la culture du chanvre a connu un retour en grâce, à la fois par les directives sur la mise en jachère de terres agricoles en 2000 et l’interdiction de l’amiante. Aujourd’hui, le chanvre entre dans la composition de l’isolation des bâtiments (tiges broyées en particules mélangées avec de la chaux hydraulique ou aérienne), dans la composition des litières pour animaux, le paillage, le tissé de chanvre, et les graines destinées à l’élaboration de l’huile. 

Alors que la production du chanvre est simple, sa transformation apparaît plus compliquée, notamment au regard de la carte qui montre des petites unités de transformation dispersées et peu présentes dans le Grand Est. En dépit de cet inconvénient, le chanvre viendrait opportunément remplacer les granulats minéraux qui s’épuisent (sables graviers). C’est une ressource renouvelable, qui stocke le carbone (autant que la forêt), offre une bonne résistance thermique et une perspirance hygrométrique (‘s schnüft).

Pour quelles raisons promouvoir l’utilisation du chanvre dans le bâtiment ?

En raison de son pouvoir isolant, comme on vient de le voir, mais également en raison du coût exponentiel du recyclage des matériaux de démolition qui approche presque celui de la construction elle-même. Et plutôt que d’isoler âprement et supprimer les échanges avec l’extérieur, le chanvre est un matériau perspirant qui est ouvert à la circulation de l’eau et de l’air conservant la fraicheur l’été et la chaleur l’hiver. On lui doit également des qualités coupe-feu, un bon confort acoustique – le chanvre refoule la résonance – et à lui tout seul, il remplace les couches superposées des matériaux. Last but not least, il éloigne les rongeurs.

Comment se fait-il dès lors que ce produit miracle n’ait pas trouvé sa place dans la construction ?

Ce matériau écologique, recyclable, dont les dérivés sont valorisés à 100%, distribués en circuit court et d’une pérennité de plus de 100 ans, coche toutes les bonnes cases. Il ne trouve pas sa juste place pour une raison évidente, selon Claude Eichwald, celui de critères inadaptés pour l’isolation, notamment celui qui néglige de prendre en compte la pérennité des matériaux. De plus, son utilisation permettrait d’éviter les transports de matériaux de construction (sur 10t transportées, 7t sont consacrées au bâtiment). Elle valoriserait également les ressources locales, les artisans susceptibles de les mettre en œuvre et leur savoir-faire à sauvegarder. Claude Eichwald, après avoir montré trois exemples de chantiers qui ont épargné des maisons réputées irrécupérables, souvent retravaillées avec des ajouts plus contemporains, a conclu sur les perspectives suivantes. Il dénonce la mauvaise protection du patrimoine régional tout en reconnaissant les efforts déployés récemment par la CeA. Avec la mise en place de la loi ZAN (Zéro artificialisation nette) en 2025, il voit de mauvais jours pour les entreprises exclusivement constructrices de pavillons et selon lui, nous sommes dans le creux de la vague dans un défi impérieux, car la reconversion qui s’impose n’est pas faite.

Après cette présentation, une visite de l’exposition commentée par Bernard Zipper s’imposait

Où on découvre la pérennité de ces différentes fibres, très cultivées en Alsace au 19e siècle, notamment le chanvre, mais également le lin, le Seegrass (carex) récolté en forêt de Haguenau pour fabriquer des matelas, et aujourd’hui, la culture du Miscanthus qui a la propriété de drainer les sols, d’arrêter les coulées de boue, et… d’alimenter en partie le chauffage urbain de Brumath.

Journée d'animation à la Maison Rurale de l’Outre-Forêt

Utilisation la plus connue du chanvre, celle des sacs de dot, curieusement ici au nom du mari, mais avec des marques d’outils agricoles et d’animaux évoquant la chasse. © SdB

Instrument servant à fabriquer des cordes

Original également cet instrument servant à fabriquer des cordes, indispensables dans les activités de la ferme. © SdB

Métier servant à faire des rubans de chanvre

Métier servant à faire des rubans de chanvre. © SdB

Cardeuse à balancier

Et enfin, cette cardeuse à balancier aux dents particulièrement acérées. © SdB

Rouleaux de lin

© SdB

Et pour finir, l’importance du lin dont la transformation a été tentée à Hirsingue dans le Haut-Rhin par l’entreprise Emmanuel Lang. Travaillé sur une distance de plus de 1000km (lin produit en Normandie) avec 80l d’eau, la fibre ne parvient pas à concurrencer le coton qui parcourt 65000km et use 8000l d’eau ! 

Mais le chanvre appartient définitivement à l’histoire : la bible de Gutenberg est imprimée sur du papier de chanvre de même que la Constitution américaine ! 

À Mommenheim : trois types de « miroirs*»

*traduction libre de Spiegel !

Sur le chantier-école de la grange dîmière de Mommenheim, Vincent Couvreur, responsable de l’entreprise Ecosphère Habitat, figurant sur la liste des artisans référencés par l’ASMA, a fait, avec son équipe, la démonstration de la pose du remplissage terre-chanvre sur les miroirs de la grange halle. 

Sur chacun des trois bâtiments autour de cette cour de ferme alsacienne reconstituée, une technique différente est expérimentée, ce qui fait « la richesse de la réhabilitation réalisée quasi exclusivement de matériaux récupérés et biosourcés » précise Jean-Christophe Brua, architecte du Patrimoine, responsable du chantier. 

Grange dîmière de Mommenheim

L’enduit extérieur posé sur le pignon ouest de la halle de grange. © SdB

Sur la halle de grange, destinée à la tenue de manifestations ouvertes, le mélange terre-chanvre, méthode innovante, est projeté grâce à un tuyau à trois conduits : air envoyé grâce à un compresseur souffleur, terre sous forme de boue liquide et chanvre sous forme de granulats légers et poreux (chènevotte).

Ce dernier matériau aux propriétés absorbantes, assèche la boue qui devient collante et se stabilise. Le mélange est projeté sur un banchage unilatéral fait de lattes. Sur la face extérieure, un enduit à base de chaux donnera toute son épaisseur au miroir à raison de 13cm d’épaisseur. 

Grande dîmière de Mommenheim

© SdB

Ce procédé dont le coût de pose énergétique est très faible et l’application rapide (80m2 par jour), garantit une isolation contre le froid mais également contre la chaleur estivale et constitue un très bon régulateur de l’humidité. Il stocke plus de CO2 qu’il n’en consomme à la production, est recyclable et d’un coût modique, une seule contrainte, cependant, le temps de séchage est d’environ 1cm par semaine, soit 8 semaines en moyenne pour l’épaisseur du miroir. De plus, le fournisseur de « boue » est on ne peut plus local puisqu’il s’agit de l’entreprise Lanter à Hochfelden. Un stage organisé par l’ASMA s’est tenu début juillet et les pans réalisés en terre-chanvre montrent une fente de rétractation liée au séchage de la terre. Une finition viendra combler la fissure du haut.

Grange dîmière de Mommenheim

© SdB

Les miroirs de la Durchfuhr à coursives, bâtiment servant de local aux manifestations organisées par les associations notamment, qui est, quant à lui, garni d’un remplissage chaux-chanvre, procédé utilisé depuis une vingtaine d’années et qui a fait ses preuves.

Grange dîmière de Mommenheim

© SdB

Enfin, les miroirs du portique reliant les deux bâtiments présentés plus haut, seront, sur la face interne, réalisés selon la technique ancestrale du torchis utilisée depuis le Néolithique. Fait d’un mélange de terre et de paille de blé, le mélange est appliqué à la main sur un support préalablement installé appelé clayonnage. Sur un modèle de vannerie, des bois souples et imputrescibles, les éclisses, sont ici fixés sur des lattes. Cette ossature naturelle a reçu les boules de torchis à califourchon sur les éclisses, puis le remplissage s’effectue au fur et à mesure pour remplir la surface du miroir. 

Sur le chantier, deux techniques ont cohabité : celui du geste ancestral de la pose à la main et celle de la projection mécanique, suivi tout de même d’un lissage à la main. Reste également un autre problème à résoudre, celui des certifications de la filière par les laboratoires accrédités. Guilhem Douillet, ingénieur chercheur de l’association Isoterra, fonde grands espoirs sur la validation du mélange terre-chanvre et la rationalisation de son utilisation sous la forme, pourquoi pas, de blocs préfabriqués, matériau très utile pour la réhabilitation des maisons anciennes, mais également la construction neuve. 

Grange dîmière de Mommenheim

© SdB

Extrait du livre « Maisons d’Alsace », de Thierry Fischer et Christian Fuchs : « Le torchis n’était pas laissé apparent sauf sur la face intérieure des murs de grange. La surface était striée de rainures parallèles entrecroisées pour favoriser l’adhérence du crépi à chaux et à sable appliqué en couche mince sur un support mouillé ».

Appel à dons pour sauver la Schwattermuehle de Durstel
Schwattermuehle
Web atelier gratuit de la Fédération Patrimoine-Environnement : "Concilier préservation du bâti ancien et rénovation énergétique ", le 26 septembre 2023

Le mardi 26 septembre 2023, de 18h à 19h30, Gilles Alglave, président de Maisons paysannes de France et de Maisons paysannes de l’Oise, répondra à toutes vos questions sur les spécificités des constructions anciennes d’avant 1948 par rapport aux constructions modernes. 

Ce web atelier vous permettra de comprendre leur mode de fonctionnement et leur comportement hygrothermique afin de ne pas altérer leur valeur patrimoniale, d’assurer leur sauvegarde et de permettre l’amélioration de leurs performances énergétiques sans compromettre le confort de leurs habitants.

Inscription et renseignements : com@associations-patrimoine.org – 01 42 67 67 51

« Ma maison / Mon histoire » : restauration d’une maison à colombages du 18e siècle à Leutenheim

Reportage d’un chantier de restauration d’une maison à colombages du 18e siècle à Leutenheim, diffusé le 20 août dernier sur France 3, dans l’émission « Ma maison / Mon histoire » de Stéphane Bern, qui a été tourné chez un jeune couple de l’Outre-Forêt, Adeline et David Mehr. 

Ils ont restauré pendant le Covid la maison familiale. L’architecte Isabelle François (membre de l’ASMA) intervient également dans le reportage, ainsi que le charpentier Benoît Notar qui a remplacé à l’identique la totalité du pignon sur rue.

« Alsace : deux frères reconstruisent la maison à colombages de leur famille selon des techniques ancestrales »

« Âgés de 33 et 37 ans, Lucas et Pierre Hamm se sont lancés dans un chantier titanesque à Hœrdt (Bas-Rhin) en rénovant la maison à colombages familiale comme on le faisait il y a plusieurs centaines d’années… ». Un article de Martin Antoine, paru le 9 septembre 2023, à lire en intégralité sur le site du journal Le Parisien.

Retour sur les stages ASMA des 2 et 3 juin 2023

Stage ASMA juin 2023

© SD

Les 2 et 3 juin ont eu lieu deux journées de stages proposés par l’ASMA.

Deux journées consacrées :

  • au chaux-chanvre, sa composition, ses règles professionnelles d’exécution, son élaboration et sa mise en œuvre en isolant thermique, acoustique et remplissage de miroirs pour l’une ;
  • aux enduits extérieurs à la chaux, leur composition, élaboration et mise en œuvre, pour l’autre.

Propriétaires de maisons, passionnés et/ou professionnels adhérents, ont pu bénéficier comme à l’accoutumée, du savoir-faire, des conseils et des retours d’expérience du formateur Philippe Tourtebatte, expert et ingénieur-conseil en bâti ancien.

C’est à Dahlenheim, nichée dans un écrin de verdure, qu’Estelle et Mathieu nous ont chaleureusement accueillis dans l’usine de chaux, la dernière d’Alsace !

Un site dédié au stage avait été préparé par nos hôtes, fournissant gros outillage, matériaux et suivi tout au long des deux journées, afin que les ateliers se passent dans les meilleures conditions. 

Les stages ont débuté par une présentation générale des participants, suivie d’une partie théorique enrichie d’un support papier fourni par Philippe Tourtebatte, puis d’une partie de mise en pratique.

Un beau moment d’échange, puisque la pratique a vite fait de rapprocher les participants enjoués, n’hésitant pas à mettre la main à la pâte avec beaucoup d’entrain, appliquant les enseignements donnés, profitant des conseils de Philippe, tout en appréciant ses anecdotes et connaissances quasi encyclopédiques du bâti ancien, le tout dans une ambiance bon enfant et sous un beau ciel bleu.

Stage ASMA

© SD

Du café du matin, à l’apéro de midi, offerts par l’Usine de chaux Boehm, et jusqu’à la fin du stage, les participants ont également pu bénéficier de la présence de Mathieu prodiguant plein de conseils sur l’utilisation de sa chaux.

Les participants, jeunes ou sages, en provenance de toute l’Alsace, de Wissembourg au Sundgau, ont eu l’occasion d’apprendre les gestes et les matériaux nécessaires à l’entretien ou à la réhabilitation de leur bâti ancien, et ainsi repartir avec suffisamment de connaissances pour procéder à une mise en application ultérieure, ou pouvoir sélectionner de façon avisée les professionnels adéquats (encore trop peu nombreux). On peut citer une participante qui nous a fait part de sa satisfaction : « Merci pour le chouette stage la semaine dernière à Dahlenheim. J’attends le prochain avec impatience ! » (Christelle H.).

La réussite de ces stages, qui sont organisés régulièrement, constitue un solide atout pour l’ASMA, la sauvegarde de notre bâti régional ancien passant par une connaissance approfondie de ce dernier.

Stage ASMA juin 2023

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Interview de Denis Elbel, vice-président de l'ASMA, par France Bleu Elsass, sur le Manoir des Fleckenstein de Lembach, le 28 février 2023

Interview de Claude Eichwald, par France Bleu Elsass, sur l'isolation par projection de chaux-chanvre, le 28 février 2023

's Blättele août-septembre 2023 - Contributeurs

Contributeurs

Jean-Marc Biry, Simone de Butler, Denis Elbel et Maryline Simler.

Directeur de publication : Jean-Marc Biry.

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Ils nous soutiennent

Décap’Eco67 est une entreprise familiale spécialisée dans le décapage par Aérogommage et Hydrogommage, technique de gommage basse pression, économique et écologique, beaucoup plus douce que le sablage, qui permet d’intervenir sur notre patrimoine bâti et culturel, mobilier ou immobilier, comme nos maisons alsaciennes (colombages extérieurs et intérieurs, escaliers en grès, sous-bassements…).

www.decapeco67.com

marion.lacroix67@gmail.com

06 79 44 14 27

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« Participer à la restauration d’un bien, c’est développer avec lui une relation privilégiée. »

06.06.42.17.32 – contact@eco-gommage.frhttps://www.eco-gommage.fr

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« Les murs de nos maisons sont comme la chair de nos corps, ils ont besoin d’être protégés par un épiderme, d’être beaux et de pouvoir respirer comme notre peau. »

Ets BISCEGLIA & Cie, Enduits à la chaux

11, rue de Brest
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Tél. : 03 88 39 71 10 / Fax : 03 88 39 18 88
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Animés depuis 40 ans par la passion du bois et la préservation du patrimoine architectural Alsacien, nous mettons notre savoir-faire au service de la restauration et la création de maisons à colombages sur l’ensemble de la région Alsace.

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