Le premier Trophée ASMA a été décerné lors de notre Assemblée Générale du 12 mai 2019 à Madame le Maire de NORDHOUSE, Claudine HERRMANN pour la sauvetage d’une maison de valet au centre-ville de sa commune. Retrouvez cette maison en page de couverture de notre revue « ‘s Blättel » 2019 et l’histoire de ce sauvetage dans l’article qui lui est consacré en pages 28 et 29 (également accessible ci-dessous).

SAUVETAGE D’UNE MAISON DE VALET A NORDHOUSE

L’histoire commence un jour de juin 2016, lorsqu’arrive une demande de permis de démolir sur le bureau de Madame Claudine HERRMANN, Maire de NORDHOUSE, concernant une maison de valet appartenant à un des corps de ferme les plus cossus de la commune. « Ca m’a fendu le cœur » confie la première magistrate en poursuivant « Ca ne fait jamais plaisir quand un morceau de patrimoine local menace de disparaître, d’autant que je connais bien cette maison. Quand j’étais petite, je la voyais de ma fenêtre. On l’appelait la maison de poupée. Il y avait cinq maisons de valet à Nordhouse. Aujourd’hui si on compte celle-ci, il en reste trois ».

Les maisons de valet sont une particularité des riches fermes du secteur du Ried : les domestiques logeaient dans une petite maison indépendante, alors que dans les grandes fermes du Kochersberg ou du Pays de Hanau, ils disposaient d’une ou deux pièces au-dessus des écuries.

Celle de la ferme dite S’Schultze, au 17 rue du Printemps, est d’une remarquable qualité architecturale. Un rez-de-chaussée moitié en maçonnerie et en pans-de-bois, servant d’atelier, soutient un élégant étage en colombages couronné par une toiture à quatre pans.  L’échelle de meunier qui donne accès à la pièce de vie à l’étage arrivait sur une loggia aux poteaux de bois moulurés et à deux arches en plein cintre qui donne un cachet tout particulier à l’ensemble.

Grâce aux conseils de l’ASMA Madame le Maire établit une convention avec le propriétaire de la maison : elle sera soigneusement démontée par ce dernier puis mise à disposition à la commune. En décembre 2016, alors que la structure était stockée dans l’atelier communal, aucun projet précis de remontage n’était encore défini.

Quelques temps après, la commune demande à l’architecte du patrimoine Jean-Christophe BRUA et au paysagiste Gabriel MILOCHAU de réfléchir à son remontage sur un petit terrain communal – une friche comportant un atelier en ruine – situé juste à côté de la Maison Commune (ancienne mairie transformée en locaux pour les associations locales).

L’architecte propose de positionner l’édicule à l’avant du terrain, recomposant ainsi l’alignement des façades sur la rue du Maréchal Leclerc, et dégageant alors un espace public préservé à l’arrière. Son toit à quatre pans marquant également le croisement des deux rues.

Le chantier débute à l’automne 2018.

Le rez-de-chaussée de l’ancienne maison de valet est ouvert à la fois sur la Maison Commune dont elle constitue un prolongement en tant que parvis couvert / préau ouvert, et sur l’espace vert aménagé le long de la rue de Hipsheim.

Le rez-de-chaussée en maçonnerie est construit avec les moellons récupérés lors du démontage.

L’étage en pans-de-bois d’origine est restauré et remonté à l’identique. Le remplissage et le doublage du colombage est réalisé avec un mélange de chaux-chanvre projeté, matériau écologique et isolant parfaitement adapté au bâti ancien, car il est perspirant et régule l’hygrométrie des locaux.

La toiture à quatre pans est couverte de tuiles plates Biberschwanz provenant du bâtiment initial. Comme à l’origine, il n’y a pas de gouttière : un caniveau en pavés de grès récupère les eaux pluviales au pied du bâtiment et les renvoie vers une noue végétalisée.

Ce projet répond à de nombreux enjeux actuels :

  • De par la création d’un espace public en continuité avec la Maison commune, il permet de dynamiser le cœur du village. Les habitants s’approprient aujourd’hui ce lieu en organisant des petits marchés ou d’autres manifestations.
  • De par l’utilisation de matériaux de récupération et de matériaux naturels dits bio-sourcés, il s’inscrit dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone des constructions.
  • De par sa mise en œuvre artisanale il participe au maintien des savoir-faire traditionnels et au soutien de l’économie locale.
  • Enfin, de par sa valorisation du patrimoine bâti local, il préserve la qualité et l’identité du paysage rural et le cadre de vie de ses habitants.

Jean-Christophe BRUA

(Article publié dans notre Blättel 2019, pages 28 et 29)

(© photo Laurent Walter)

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