ASMA’s Blättele de Novembre-Décembre 2021

Le « Trophée ASMA 2021 » distingue un élu exemplaire dans la défense du patrimoine du territoire dont il a la charge. Nous l’avons décerné à Justin Vogel, président de la Communauté de communes du Kochersberg et de l’Ackerland (CoCoKo) et maire de Truchtersheim pour avoir, le premier en Alsace, instauré un ambitieux volet de protection du Patrimoine dans le Plan Local d’Urbanisme intercommunal, protégeant ainsi plus d’un millier de maisons alsaciennes dans les 33 villages composant la « CoCoKo ». L’ASMA s’était, elle aussi, impliquée à fond pour arriver à ce résultat. Le Trophée a été remis le 14 octobre dernier lors de la séance du conseil communautaire.

Justin Vogel, à gauche, Denis Elbel, à droite. © Eva Knieriemen 

Denis Elbel, Claude Eichwald et Simone de Butler se sont rendus le 25 novembre 2021 à une réunion de l’Amicale des maires du canton de Bischwiller à l’invitation de son président et maire de Bischwiller, Jean-Lucien Netzer, et de Michel Lorentz, conseiller d’Alsace et maire de Roeschwoog. Cette réunion avait pour thème l’habitat. Les invités étaient Alsace Habitat, Procivis et l’ASMA.

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Monsieur Nabil Bennacer, directeur général, a présenté Alsace Habitat, née en 2020 de la fusion entre Opus 67 et la Sibar, une SEM de la CeA qui compte plus de 200 collaborateurs, gère 17 000 logements dans un bon tiers des communes du Bas Rhin, et qui réalise ponctuellement des opérations de réhabilitation du patrimoine bâti. Ce sera le cas de la maison Riff à Brumath.

Monsieur Christophe Glock, directeur général, a présenté Procivis.

Ensuite, Denis Elbel et Claude Eichwald ont présenté l’ASMA comme suit :

L’ASMA a été fondée en 1972 et fêtera donc l’an prochain ses 50 ans ; l’invité d’honneur à l’AG du cinquantenaire sera Frédéric Bierry.

Le nombre d’adhérents vient de dépasser les 900, dont une vingtaine de communes. La CeA vient, elle aussi, d’adhérer, et Monsieur le Maire de Bischwiller a donné son accord au cours de la soirée pour le faire également. Nous visons en effet les 1000 adhérents pour nos 50 ans.

Nous diffusons très largement, à 3500 destinataires, une lettre d’information électronique tous les deux mois : ‘s Blättele.

Notre bulletin annuel, ‘s Blättel, est envoyé tous les ans à tous les maires et élus d’Alsace, et largement distribué à 2500 exemplaires.

Nos actions

Volet pédagogique :

• Stammtisch tous les mois (sauf juillet et août et périodes Covid) à Strasbourg, ou dans une commune à la demande de son maire, ex. : Bouxwiller, Froeschwiller, Langensoultzbach, Holtzheim, Duntzenheim, etc. Nous y expliquons quelles sont les techniques adaptées au bâti ancien, par exemple pour l’isolation, la projection de chaux-chanvre (technique récente qui a suscité un fort intérêt).

• Stages pratiques : torchis, enduits à la chaux…

• Formation des jeunes : interventions à la Maison des Compagnons à Strasbourg et au Lycée Agricole à Obernai.

• Interventions au niveau de la presse écrite en français : les DNA, L’Alsace, L’Ami Hebdo, Le Parisien… mais aussi en allemand : Badische Zeitung, Die Rheinpfalz…

• Interventions à la radio comme France Bleu Elsass et des radios locales.

• Interventions sur des chaînes de TV : France 3 et TF1.

• Conseils personnalisés aux particuliers.

Volet défensif :

• Recours amiables auprès des maires contre les permis de démolir contestés.

• Recours contentieux au Tribunal administratif si nécessaire (quand les maires refusent de nous recevoir).

• Succès comme à : Gimbrett, Schnersheim, Nambsheim, Froeschwiller, Ottrott, Altenstadt, Mommenheim, Brumath…

• Échecs à Brunstatt, Sermersheim, Geudertheim, Voegtlinshoffen le 2 novembre.

• Opposition en cours à une démolition à Hochfelden ; la CeA va intervenir auprès du maire.

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La solution pour une sauvegarde efficace de nos maisons alsaciennes

Intégrer aux PLU et PLUi un inventaire du patrimoine bâti à sauvegarder. Un premier succès : le PLUi de la Communauté de Communes du Kochersberg protège environ 1500 bâtiments anciens remarquables, aussi bien à colombages qu’en pierre, ce qui a valu à son président Justin Vogel, la remise du Trophée ASMA 2021 le 14 octobre dernier.

Claude Eichwald est intervenu ensuite pour expliquer comment répondre à l’objectif de la ZAN (Zéro Artificialisation Nette), fixé par la Loi Climat et Résilience (JO du 24 août 2021) au travers d’exemples concrets à Weiterswiller, Ernolsheim-les-Saverne et Hunspach.

Pour conclure, Denis Elbel a évoqué la « Rencontre autour du Patrimoine » du 22 novembre dernier à Truchtersheim avec le président Frédéric Bierry dans le cadre de son « Tour des Territoires d’Alsace en 80 jours ».

L’ASMA a présenté plusieurs propositions pour la sauvegarde du patrimoine bâti en Alsace, quasiment toutes acceptées par le président Bierry. Un partenariat avec la CeA est né.

Le conseil municipal de ce village viticole d’un peu moins de 500 habitants, tenu le 20 décembre 2020, avait autorisé Madame la Maire Cécile Mamprin à demander une subvention à la Région Grand Est au titre du « Soutien à la résorption des friches et des verrues paysagères », afin de financer la démolition d’une belle maison vigneronne bâtie en 1681, située au centre du village et laissée à l’abandon depuis plusieurs années par son dernier propriétaire… la commune !

La subvention lui a hélas été octroyée ! L’on peut légitimement s’étonner que la Région puisse financer la disparition d’une maison typique bâtie il y a 340 ans en utilisant des fonds publics d’évidence, espérons-le, non destinés à « résorber » de telles constructions. Quelle personne un tant soit peu concernée par la protection du patrimoine aurait en effet qualifié cette maison de « friche et de verrue paysagère » ?

Notons également que l’ancien Maire de Voegtlinshoffen, M. Jacques Cattin, devenu député en 2017 et toujours conseiller municipal du village, est également conseiller régional et vice-président de la commission Tourisme à la Région. Qu’est-ce qui attire les touristes en Alsace si ce n’est son patrimoine de toute nature ! Alors pourquoi démolir cette maison ?

La « verrue » à résorber d’urgence au centre du village, 3 rue Roger Frémeaux !

Le procès-verbal de la réunion du conseil municipal du 18 octobre dernier révèle que la démolition des constructions situées aux 1, 3 et 5 rue Roger Frémeaux a été votée par 10 voix pour et 1 contre, en vue de la « réalisation du projet de mise en sécurité, de réhabilitation et de végétalisation du centre-village », l’Établissement Public Foncier (EPF d’Alsace) qui, à la demande de la commune, s’était porté acquéreur de la maison en 2017, la lui ayant rétrocédée par anticipation pour 50000 euros, ne voulant surtout pas être impliqué dans la démolition de cette maison du 17e siècle.

L’attention de notre Trésorier, qui se rend régulièrement dans le village voisin de Gueberschwihr, dont sont originaires ses ancêtres (Cf. article pages 23-27 de notre Blättel annuel de 2019), ainsi que dans celui de Hattstatt, où réside notre graphiste, avait été attirée par le panneau d’affichage apposé sur le bâtiment voisin de cette maison en danger, répertoriée depuis 1999 dans le monumental ouvrage « Le patrimoine des communes du Haut-Rhin », Éd. Le Flohic.

Un premier courrier à Madame la Maire

L’ASMA, désignée par Monsieur le Président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) comme étant un « acteur incontournable de la préservation du patrimoine rural en Alsace », a donc adressé un premier courrier à Madame la Maire le 16 août dernier, lui demandant l’autorisation de visiter la maison pour réaliser un diagnostic architectural, et lui faire part de notre vive inquiétude quant au devenir de cette maison vigneronne, en s’appuyant notamment sur une consultation demandée à Monsieur l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) qui concluait que : « d’un point de vue patrimonial et architectural, la démolition du mur de clôture et du bâtiment principal serait ainsi une perte irrémédiable pour le village » et que : « la démolition des bâtiments de la propriété serait de nature à créer un trou important dans la continuité du bâti ancien de la commune. Cela créerait un effet de « dent creuse » et mettrait en valeur de façon inopportune des arrières des propriétés voisines et des murs en attente » (lien vers l’intégralité de l’avis de l’ABF).

Madame la Maire, sans doute plus compétente en la matière que l’ABF, n’a pas jugé bon de prendre en compte son avis car, dans un courrier récent, elle nous a écrit que : « nous considérons que l’intérêt patrimonial de ce bâti dont la démolition a été autorisée par un permis de démolir devenu définitif n’est pas avéré ».

Sans répondre précisément à notre demande, le courrier de Madame la Maire du 26 août dernier, rédigé dans un langage administratif n’a pu être considéré que comme une fin de non-recevoir. Nous avons été très étonnés par l’absence de sensibilité de sa part envers le patrimoine que les termes employés laissaient transparaître et par son refus de toute concertation.

Un second courrier à Madame la Maire

Ne pouvant ni visiter la maison, ni lui parler de vive voix, nous lui avons donc adressé un second courrier le 8 septembre dernier pour cette fois, lui exposer par écrit les raisons pour lesquelles cette maison méritait d’être sauvegardée. Copie a été largement diffusée aux principaux responsables politiques d’Alsace (sénateurs, députés, président de Région, président de la CeA, conseillers d’Alsace concernés, conseillers municipaux du village, EPF d’Alsace, etc.). Certains nous ont répondu à cette occasion pour nous apporter leur soutien, et ont dit être intervenus auprès de leur collègue député de la circonscription, Monsieur Jacques Cattin.

Une sénatrice du Haut-Rhin et conseillère d’Alsace, très sensible à la défense du patrimoine, s’est déplacée à Voegtlinshoffen pour rencontrer Mme la Maire, qui a maintenu son refus de rencontrer l’ASMA, qu’elle n’aime visiblement pas. C’est son droit ! À noter cependant que c’était la première fois que nous intervenions dans ce village, il n’y avait donc aucun contentieux passé qui expliquerait son attitude. Elle a néanmoins autorisé un expert missionné par le CAUE 68 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement du Haut-Rhin) à visiter la maison en sa présence le 20 septembre dernier. Renseignement pris, il a pu constater l’état structurel sain de la maison, sans nier la nécessité d’entreprendre des travaux, ce qui est bien normal pour une maison de cet âge, et a préconisé à cet effet le dépôt d’un dossier auprès de l’ADAUHR (Agence départementale d’aménagement et d’urbanisme du Haut-Rhin), afin d’étudier la réhabilitation de cette maison en lieu et place de sa démolition.  

Hélas, cette démarche volontariste n’a pas eu le temps d’être explorée, le conseil municipal réuni le 18 octobre dernier ayant voté la démolition. Madame la Maire nous a fait part de cette décision dans un courrier purement administratif daté du lendemain.

Aucune protection du patrimoine bâti à Voegtlinshoffen

La transformation de l’ancien POS du village en PLU traîne depuis de nombreuses années et n’a toujours pas été soumise à enquête publique. Un projet de PLU a bien été arrêté lors d’un conseil municipal le 27 juin 2019, mais depuis rien n’avance !

Bien que les documents d’urbanisme fourmillent de bonnes intentions et de références au patrimoine n’engageant juridiquement à rien, aucune protection réelle n’est instaurée à Voegtlinshoffen. Dès lors, un recours contentieux auprès du Tribunal administratif contre l’arrêté de démolition n’aurait eu aucune chance aboutir.

Et maintenant ?

Nous n’avions à dessein pas communiqué sur ce dossier, préférant tenter de le gérer sans vouloir donner l’impression d’exercer une pression médiatique sur les élus du village. Dans l’exposé ci-dessus, nous avons aussi volontairement présenté les faits avec une certaine retenue quant aux termes employés.

Nous imaginons bien que les élus de cette commune se seraient bien passés d’une intervention de l’ASMA, dont c’est pourtant le rôle depuis 50 ans. Ils auraient préféré démolir dans la plus grande discrétion. Ils font partie de ceux, une minorité, qui nous considèrent impertinents, simplement parce que nous dénonçons l’indifférence dont ils font preuve en matière de protection du patrimoine.

Depuis quelques années, nos publications (revue annuelle papier « Blättel » et cette lettre d’information bimestrielle « Blättele ») sont adressées aux 880 maires d’Alsace, tout comme aux sénateurs, députés, conseillers d’Alsace, responsables politiques alsaciens etc., permettant ainsi de faire connaître nos actions. Une vingtaine de communes sont d’ailleurs déjà membres de notre association.

La commune de Voegtlinshoffen, elle, a préféré en octobre dernier, et c’est son droit, se désabonner de notre lettre d’information !

Mauvaises raisons !

Cette démolition a localement suscité un certain émoi qui a conduit Madame la Maire à accorder une interview à la journaliste de L’Alsace, Véronique Berkani, publiée dans l’édition du 14 novembre dernier, ainsi que dans celle des DNA-Colmar.

Madame la Maire justifie après coup son refus de tout dialogue avec l’ASMA au motif que les termes employés dans nos courriers lui ont déplu ! Ils n’étaient pourtant en rien offensants et tentaient simplement de lui ouvrir les yeux. Enfin, il y a cette vieille rengaine populiste lorsqu’elle déclare à la journaliste : « Ce n’est pas à des personnes extérieures de venir nous dire ce que nous devons faire ». Il est pourtant bien souvent salutaire au contraire, de faire appel à un regard extérieur et cela, des élus bien avisés qui nous contactent, l’ont compris.

Du passé faisons table rase !

La pelle hydraulique du démolisseur a débuté la démolition de cette maison âgée de 340 ans le 2 novembre dernier, « Jour des Morts » !  

Outre la photo de la maison avec sa toiture éventrée, celle d’une vue d’ensemble du chantier de démolition est particulièrement choquante. Elle montre le tas de gravats, avec au premier plan, le drapeau français en haut de son mât paraissant légèrement incliné, comme planté par les vainqueurs sur les ruines de la maison qu’ils ont abattue et, au premier plan, la stèle fleurie de chrysanthèmes rappelant l’origine du nom de la rue Roger Frémeaux, ce vaillant maréchal des logis chef tué au combat à Voegtlinshoffen, à l’âge de 24 ans, le 4 février 1945. Cette maison fut peut-être sa dernière vision avant de mourir il y a 76 ans. À nos yeux et à ceux des générations futures, elle a également disparu à jamais.

« Honte aux démolisseurs ! » comme l’écrivait en son temps Victor Hugo.

340 ans d’histoire de la topographie du village disparaissent !

Le choc des photos qui n’honorent pas les responsables de cette démolition !

Le 6 novembre 2021, l’ASMA a proposé un stage d’enduits à la chaux, qui a été animé par le formateur Philippe Tourtebatte. Ce stage a eu lieu sur le chantier de la « Maison de la Cour Saint-Denis » dont la réhabilitation extérieure est assurée par l’architecte / maître d’oeuvre Marjolaine Imbs, également architecte conseil au sein de l’ASMA.

Réhabilitation en cours de la « Maison de la Cour Saint-Denis » (1688). © DE 

Le formateur Philippe Tourtebatte. © JCBA

Les stagiaires à l’oeuvre. © JCBA

© FC

Nous avons appris avec tristesse le décès de Charles-Henri Rilliard survenu le 29 octobre à l’âge de 76 ans.

Il suit de près son épouse, hélas décédée elle aussi cette année.

Il a passé de très nombreuses années au sein du comité de l’ASMA et a ainsi œuvré et contribué par ce biais à de nombreux dossiers, à l’organisation de conférences, et à des journées portes ouvertes du patrimoine, entre autres.

Ardent défenseur du patrimoine alsacien et de ses maisons à colombages, et originaire de la proche Moselle il a acquis et restauré une superbe maison d’un corps de ferme du Pays de Hanau.

Charles-Henri a beaucoup étudié l’architecture régionale et a écrit sur le sujet, tordant parfois le cou à certaines croyances (couleur de maison, symbolique de la maison alsacienne…).

Ses coups de gueule ou positions tranchantes ont parfois valu des réactions vives à ses écrits.

Érudit sur la question des maisons alsaciennes, nous garderons de lui l’image d’une personne de caractère, dévouée et au grand cœur. Il laissera son empreinte au sein de l’ASMA.

Il part, curieux et ravi du devenir de la maison voisine de la sienne, qu’un jeune couple restaure dans le plus pur esprit de notre association.

Au nom de tous les membres, je voulais transmettre mes plus sincères condoléances à sa famille ainsi qu’à ses proches.

Frédéric Cueney

Dans l’article « Alsace : les maisons anciennes retrouvent leur place », paru dans Le Moniteur, le 26 novembre 2021, le journaliste Christian Robischon met à l’honneur l’ASMA et Stéphane Duchossois, dirigeant de l’entreprise de construction et de restauration de maisons alsaciennes, Brenner Tradition. 

© Le Moniteur

Vend petite ferme bloc, à Roppentzwiller (Sundgau), présentant une structure en pans de bois apparente de type bois courts, qui figure sur le cadastre de 1826.

À l’arrière de la maison, un beau terrain avec une vue sur la vallée de l’Ill.

L’ensemble se situe sur un terrain de 6,5 ares.

Mon souhait le plus chère est qu’un amateur de maison ancienne rende l’éclat et la vie à cette charmante petite maison. D’importants travaux sont à prévoir, mais elle offre de très belles perspectives.

Pour tous renseignements, n’hésitez pas à prendre contact : carolinemunch@hotmail.fr ou 06 02 27 05 33